Comme leader, préfères-tu être aimé ou craint? – Nicolas Machiavel

 

Pierre se présente à la réunion de l’équipe avec 15 minutes de retard. Est-ce un problème?

Cynthia complète 7 des 9 tâches qu’elle s’était engagée à terminer pour vendredi. Doit-on faire quelque chose?

Patrick rate son objectif de ventes de 5%. Devrions-nous accepter cela?
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Dois-je être un gentil dirigeant ou un bon dirigeant?

En tant que dirigeants, nous sommes rémunérés (entre autres) pour nous assurer que nos employés livrent leurs engagements. Livrer ses engagements est l’un des éléments de ce que je définis comme « l’intégrité professionnelle ».

L’intégrité professionnelle consiste à dire ce que nous allons faire et faire ce que l’on a dit. Par contre, s’assurer que les gens fonctionnent avec intégrité n’est pas une tâche facile!

Revenons à nos 3 questions originales. Qu’auriez-vous fait? Devriez-vous accepter la situation ou plutôt faire quelque chose relativement au bris de ces engagements?

Accepter la situation est la chose la plus simple à faire. Cela nous laisse sortir du rôle difficile de faire respecter les engagements. De cette manière, nous demeurons un bon dirigeant et nous ne modifions pas négativement la perception qu’ont nos collaborateurs de nous.

Malheureusement, il y a un inconvénient à ne rien faire. Lorsque nous laissons aller de telles situations, nous acceptons – approuvons même – le fait que des promesses seront faites et qu’elles seront brisées. Dans un environnement où les engagements peuvent être brisés sans conséquence, ces inactions lancent un message que les engagements n’ont aucune valeur et que le respect de ceux-ci est facultatif. Comment alors se surprendre que les projets ne soient pas livrés à l’intérieur des échéanciers?

Par contre, porter action et faire respecter les engagements peut être perçu comme désagréable pour les dirigeants. Cela nécessite un travail constant et des conversations potentiellement difficiles avec les gens qui ont brisé leurs engagements.

Faire quelque chose au sujet de tels incidents exige que les personnes soient responsables pour leurs actions et en assument les conséquences. Cependant, vous pouvez avoir l’impression que d’être celui qui va respecter les engagements apportera une conséquence importante, celle de ne pas être aimé par ses employés, d’être perçu comme un dirigeant trop dur et déraisonnable.

Mon point est qu’il est de la responsabilité des dirigeants de s’assurer que les engagements soient clairement définis et respectés afin d’éviter toute confusion.

Dès que nous laissons quelqu’un briser son engagement, sans l’avoir préalablement renégocié, nous ouvrons fondamentalement la porte à des incidents de plus en plus importants et des conséquences de plus en plus grandes. Comme une boule de neige dans une avalanche, il est préférable d’intervenir immédiatement, plutôt que d’attendre que toute l’organisation soit ensevelie sous ces dysfonctionnements.

Revenons aux 3 questions

Lorsque vous avez répondu à mes questions, si vous avez choisi la réponse «ça dépend», vous vous êtes essentiellement donné bonne conscience et vous avez tenté de masquer le fait que vous endossez possiblement de tels comportements de votre organisation.

Comme un de mes anciens collègues disait souvent «En plus de 30 ans comme dirigeant, je n’ai jamais – jamais – entendu une mauvaise raison pour quelqu’un de briser son engagement». Les choses arrivent et les gens vont parfois briser certaines règles. Cela, en soi, n’est pas un problème. Comme dirigeant, notre rôle est de déterminer les moyens pour faire face à la rupture des engagements et à apprendre aux gens à renégocier leurs engagements à l’avance, au lieu d’après les faits, lorsque l’engagement n’a pas été respecté.

Quant à moi, malgré le fait que je suis humain et que je souhaite aussi être apprécié par mes collaborateurs, j’ai besoin de me rappeler que mon rôle est d’être l’arbitre et de faire respecter les règles de fonctionnement de mes équipes afin que chacun puisse faire son travail dans un environnement qu’il comprend bien.

En tant que dirigeant, je ne serai peut-être pas aimé par tous les gens et dans toutes les circonstances lorsque je demande le respect des engagements, mais au moins, je vais être respecté pour avoir fait mon travail.

Je préfère grandement être un bon dirigeant plutôt qu’un gentil dirigeant!